Je pense que je t'apprends rien Vivianne : quand t'es parents, tu DOIS culpabiliser. Quand t'es môman, t'as un bonus, t'as droit à une rasade supplémentaire.
Tu sais que la moindre parcelle du comportement de ton bébé est analysé, et critiqué ensuite.
On DOIT être un parent parfait.
Ce qui implique juste d'être le même parent qu'est ou a été la personne en face de toi. C'est ni plus ni moins ça.
Quand on est parent, on fait des choix. Certains viennent des tripes, d'autres parce qu'on a lu sur le sujet, on s'est vachement informé en croisant les sources, on a fait des putain de découvertes qu'on n'imaginait même pas, et d'autres fois c'est pas vraiment des choix, tu suis un peu le mouvement car là comme ça, ça te parait pas utile de te pencher sur la question pendant 150 ans.
L'éducation est comme tout, c'est normé. Sauf qu'il y a quand même une latitude à cette norme. A partir du moment où quand même tu cognes pas sur ton môme à tout va dès la naissance (ça quand même c'est condamné ouf), après tu surfes.
Du coup, la norme varie selon les personnes. Selon ton interlocuteur, ta façon de faire peut être la BONNE, ou la PIRE.
A partir de là, tu peux te bouffer des remarques, surtout je pense au premier enfant. On doit se dire que la pauvre elle a besoin de conseils là, car quand même, moi je fais (ou ne faisais) pas comme ça, il faut lui dire.
Quelque soit tes choix, tu seras nulle :
- Tu n'allaites pas ? Tu es égoïste, tu ne veux pas donner le meilleur à ton bébé.
- Tu allaites au delà de 3 mois ? Tu es une esclave surprotectrice (doublée d'une vache laitière).
- Tu utilises des couches jetables : biiih tu mets des mauvais produits sur ton bébé.
- Tu utilises des couches écolo : t'es bien con tu te fais avoir.
- Tu utilises des couches lavables : tu chies sur le combat féministe, tu es re-esclave.
- Tu laisses pleurer : tu es un monstre qui abandonne son bébé à son desespoir.
- Tu ne laisses pas pleurer : tu es faible et tu fabriques un capricieux.
- Tu achètes d'occaz : tu ne veux pas offrir le meilleur à ton bébé.
- Tu achètes du neuf : tu te fais avoir par la société de consommation.
- Tu mets des fessés : tu bats ton enfant.
- Tu es contre tout châtiment corporel : tu es faible et tu fabriques un capricieux.
- Tu reprends ton travail: tu abandonnes ton enfant c'était pas la peine d'en faire.
- Tu es mère au foyer : tu n'as aucune ambition professionnelle, tu ne fais rien de tes journées et tes enfants resteront collés à toi à vie.
Je ne déroge pas à la règle. Face à la façon dont d'autres s'occupent de leur enfant, ben parfois je pense des trucs que j'ai listés plus haut, et même d'autres.
Oui je juge. En même temps ceux qui disent ne pas juger, je ne les crois pas. On y passe pas mal de temps quand même. Après il ne faut pas confondre juger et condamner.
Toutefois, quand je juge, je ferme ma gueule.
Cette nuit, l'oeil vitreux et collé (j'ai passé une nuit mémorablement merdique), je pensais à tout ça.
Je me disais que je me tais car c'est pas dans ma personnalité de rentrer dans le lard, de chercher des noises, de contredire sur des sujets sensibles (oui car sur des sujets banals (banaux ?), je sais m'exprimer. On me dit le riz c'est meilleur avec de l'ananas dedans je dis fuck sans vergogne).
Oui, mais pas que.
Je ferme ma gueule car l'ouvrir, quel serait le but ? Pas le but de surface hein, genre "nan mais je veux aider", le but enfoui, caché ?
...ce serait pas de me convaincre que je suis une bonne mère, en opposition à l'autre mère qui bien sûr fait mal ?
Ne serait-ce pas parce que moi-même je doute ? N'ai-je pas besoin que l'autre en face adopte le même comportement parental pour me rassurer, me dire que j'ai raison de faire comme j'ai fait, ou comme je fais encore ?
J'ai comme dans l'idée que celle en face de toi qui a l'air de tout donner pour que tu culpabilises...elle cherche en fait à ce que tu la rassures, car c'est ELLE qui se fait peu à peu grignoter par sa culpabilité.
C'est un cercle vicieux en fait...on se balance la culpabilité comme une patate chaude, mais il en reste toujours sur les mains.
Ça ressemble à la culpabilité nan ?