Jo,
Je sais pas si tu a remarqué, j'aime bien faire des recherches, et puis après te pondre un truc que j'espère pas trop mal ficelé.
Hier, j'ai lu le billet d'OlympusMom, "ils n'ont pas le droit moral à la vie"
Ce billet m'a interpelée, car il m'a ramenée indirectement à des informations que j'avais lues par ci par là sur la souffrance du bébé. J'avais lu qu'on a pendant longtemps considéré que le bébé ne pouvait pas souffrir. Qu'il ne ressentait pas la douleur. Que, en France, oui en FRANCE Jo, il pouvait y avoir AUCUNE prise en charge de la douleur pour des traitements lourds, jusqu'à la fin du 20e siècle (hier quoi).
C'est quand même le truc qui te parait complètement moyen-âgeux, archaïque, inimaginable, inconcevable si t'as une micro particule de bon sens, je dirais même d'humanité. Et pourtant, c'est ce que croyait la communauté scientifique.
J'avais lu des info, mais des infos "froides", abstraites, distanciées.
Ce billet quelque part m'a ramené à la maternité. Ma Ventouse je te l'ai dit, à eu des soins pas fastoches, avec moults prises de sang. Il y a eu prise en charge de la douleur, ça l'a sûrement amoindrie, mais douleur pour elle y a eu. Elle venait à peine de naitre, et elle aura connu la souffrance physique et morale avant même d'avoir connu mon lait.
Mon beau-frère (frangin de Diego) est venu nous voir à la maternité. Je vais pas tourner autour du pot, mon beauf j'ai jamais pu le blairer. Et c'est réciproque (alors que quand même, je suis plutôt sympa non ?).
Avec mon Diego, on s'épanche un peu, c'est dur pour nous de la voir subir tout ça, c'est dur de savoir qu'elle a mal, si petite, si fragile.
Et là le mec, avec son air de certitude et de suffisance que je méprise depuis toujours nous fait "hof, t'en fais pas pour elle, elle sent rien hein. Son cerveau n'est pas encore assez mature pour ressentir la douleur."
Tu peux pas savoir la montée haineuse que j'ai eu. Mon Diego aussi a été très choqué qu'il puisse penser ça.
Et oui...des gens croient ENCORE qu'un bébé, c'est un légume. Un tube digestif. Un amas d'organes.
Je l'ai haï d'avoir dit ces mots...c'est comme si il ne conférait même pas à ma fille un statut d'être humain. C'est gerbant.
En plus le mec, c'est pas le guignol juste bon à mater téléfoot hein, en toute honnêteté il a une culture générale de dingue, il lit beaucoup, une sorte de Ross dans Friends, le côté drôle et funky en moins. Le mec tu le mets devant ARTE, il te sort le pop corn et il frétille d'impatience quoi.
Mais il croit qu'un bébé, ça ne souffre pas.
J'ai donc voulu te pondre un billet sur l'Histoire de la prise en charge de la douleur du bébé. Je ne le ferai pas.
J'ai trouvé une bonne base documentaire. J'ai lu des choses purement horribles. Concrètes cette fois. Des exemples. Des témoignages. Des chiffres. Des bébés, comme ma fille, joufflus, fessus, si mignons, si fragiles, ont été ni plus ni moins torturés car "ils ne souffrent pas voyons". Et je te parle là jusque dans les années 1980-1990. Bien sûr au fil du temps c'était de moins en moins massif. Mais ce que je peux te dire, c'est que dans les années 60, pas d'analgésie pour les bébés. Jamais.
De la barbarie.
On a je pense traité avec plus de respect des chiens dans les cabinets vétérinaires (et tant mieux pour les chiens hein).
J'ai pleuré comme une merde Jo, j'ai pleuré.
Je ne peux pas continuer à fouiner. C'est trop dur à encaisser. C'est une vérité trop horrible. Voilà, je le sais, mais pour le moment je ne veux pas en savoir plus.
C'est aussi pour ça que pour moi, la parole d'un médecin, même si elle mérite toute ma considération, jamais je ne la croirais aveuglément. Jamais je n'aurai une totale confiance.
"Eux, ils ont fait des études, il savent."
...Vraiment ?