L'histoire toxo étant classée, ma grossesse sort des clous du pathologique, redevient normale. Je peux donc être à nouveau suivie par ma SF libérale. Elle me gonfle un tantinet, mais j'avoue, la flemme d'en chercher une autre et après tout je n'accouccherai pas avec elle. Alors ça suffira pour faire un point mensuel, prise de tension à poil toussa.
Comme j'ai pu le dire là je veux un accouchement physiologique. J'ai mon rendez-vous du 4e mois avec la mater qui approche.
L'un des buts de ce rendez-vous est de causer accouchement avec un des interlocuteurs from the inside, d'aborder ce fameux projet de naissance si on en fait un.
J'aurais pu demander à ma SF, mais je vois bien que les accouchements physio c'est pas son rayon, je crois qu'elle m'aurait gonflée et aurait discuté trop de points soi-disant impossibles pour elle. Du coup je ne lui en ai même pas parlé, et elle n'a pas abordé la question du projet de naissance non plus.
On n'avait pas encore avec Diego rédigé à proprement parler le projet de naissance (je dirai PDN maintenant, ok Ginette ?). On n'en est qu'au 4e mois, je viens à peine de cesser de gerber, donc non, ce n'est pas fait.
On avait juste listé des questions, environ 177 845.
Il y avait des choses sur lesquelles je n'aurais pas transigé, comme la mobilité TOTALE du début à la fin. Pas juste sur le dos ou sur le coté.
Là, j'ai touché du bout du gros orteil le Paradis. Valérie, siouper SF, est d'accord avec tout. Cette femme, je veux qu'elle soit heureuse. Et accessoirement je veux qu'elle soit là le jour où j'accouche.
Comment faire un PDN ?
Bon déjà ne panique pas, pas la peine d'avoir une Licence de Lettres. ça doit tenir en une page, et après une brève intro, tu balances par points tes souhaits et tes refus.
Rien à voir avec la fucking dissert que j'ai faite en fac de Droit, 1ère année : "La légitimité de Napoléon Bonaparte"
Je devais pondre deux copies doubles avec juste cet intitulé. Mais bien sûûûr. A 18 ans c'est ton trip Bonaparte. Seulement je voulais réussir moi, j'aimais bien cette matière moi, j'ai voulu tout donner.
J'étais comme dans les séries américaines : à la bibliothèque avec trois livres ouverts, un bloc jaune et un stylo., sans compter mes heures. Sans internet à cette époque. Et j'engloutissais, j'engloutissais. Et je réfléchissais au truc, et j'ai fait quinze plans de merde, et j'ai rédigé cinq brouillons, et je bossais le soir tard dans ma chambre d'étudiante, avec ma lampe de bureau comme seule soutien...
Cette dissert, c'était devenue une affaire personnelle. Je dormais Bonaparte, mangeais Bonaparte, chiais Bonaparte, me mouchait Bonaparte, achetais Bonaparte, bavais sur mon oreiller Bonaparte.
Je finis par achever mon oeuvre, plutôt fière. Je contemplai ma copie, poussai un petit soupir de soulagement, et m'endormis avec la satisfaction du devoir (huhu c'est le cas de le dire) accompli.
J'ai eu 5. Et cette annotation : "manque évident de travail, il va falloir s'y mettre sérieusement !"
Laisse moi te dire que symboliquement, j'ai pris une gifle. La baisse de motivation fut immédiate. J'ai redoublé.
Mais là je sens que tu t'en fous.
Point autant de presson avec le PDN, même si bien sûr faut y réfléchir.
Il faut que tu te poses les questions de ce que tu souhaites, et de ce que tu refuses. C'était important pour moi de l'exprimer et de laisser une trace, d'en discuter avant le jour J pour savoir ce qui roulerait sans problème et ce qui risquerait de coincer. En discuter en accouchant, c'est juste impossible. Et pas souhaitable à mon avis, car si tu te heurtes à un mur de refus et de deception voire de trouille, rien de tel pour bloquer le Travail. Il faut arriver en confiance, faire confiance. Pour ça moi je voulais savoir comment ils travaillaient. J'ai lu trop de récits où la maman fait aveuglement confiance (c'est normal, ils sont médecins hein), et crois qu'elle pourra discuter, imposer la façon dont elle souhaite accoucher le jour J.
Mwouahaha. Mon rire est jaune, limte caca d'oie.
J'ai lu trop de récits où la maman fait aveuglement confiance, où pardon mais ça finit en boucherie, où pardon mais ça suinte l'infantilisation et l'irrespect le plus total...mais où la maman croit que c'est ça un accouchement, que c'est NORMAL. Et remercie même Monsieur le Gynecologue d'être arrivé pour la couper sans lui demander, sans lui expliquer le geste, avec un bémol sur le fait de l'avoir recousue sans anesthésie locale efficace, mais bon s'il fallait en passer par là...
JE NE VEUX PAS DE CA ! (tu sens que je suis vénère ?)
Bon je vais me calmer, je crois que j'ai perdu les 3/4 des gens, voici mon PDN. Je t'épargne l'intro, dans laquelle nous expliquons nos souhaits d'un point de vue général, en précisant tout de même qu'en cas de problème médical, ben forcément ça change la donne.
Durant le Travail :
Je souhaite :
- Pouvoir être mobile durant l’intégralité du Travail.
- Que le monitoring se fasse en discontinu.
- Pouvoir boire si j’en ressens le besoin.
- Bénéficier d’une lumière tamisée et avoir en fond sonore la musique apportée par nos soins.
- Ne voulant pas de la péridurale, je souhaite, si je venais à la réclamer, que mon choix me soit rappelé et que l’on m’aide à trouver des solutions alternatives pour me soulager.
Je refuse :
- D’être sous perfusion, mais j’accepte la pose d’une voie fermée.
- Que la poche des eaux soit rompue artificiellement.
La naissance :
Je souhaite :
- Continuer à pouvoir adopter la position qui me semble la plus confortable. Les conseils des professionnels seront les bienvenus pour faciliter le passage de notre fille.
- Qu’il y ait un minimum de personnel soignant avec nous dans la salle.
- Attendre que le cordon ait cessé de battre avant qu’il ne soit clampé.
- Qu’il soit proposé au papa de couper le cordon.
- Si je devais être recousue, bénéficier d’une anesthésie locale efficace.
- De même, si je devais subir une révision utérine, je souhaite être anesthésiée.
Je refuse :
- Qu’une épisiotomie soit pratiquée, sauf en cas de souffrance fœtale avérée. Je préfère une déchirure.
- L’expression abdominale.
Après la naissance :
Nous souhaitons :
- Que le peau à peau dure le plus longtemps possible.
- Que les soins, si notre fille en avaient besoin, soient faits en présence du papa.
- Que l’allaitement se mette en place en douceur lorsque notre fille sera née, à son rythme.
Nous refusons :
- Que notre fille soit aspirée ou sondée sauf difficulté observée par le personnel soignant.
- Que du collyre lui soit mis dans les yeux.
- Qu’un biberon de complément ou une tétine soit donné à notre fille. Si un complément s’avérait nécessaire, nous souhaitons qu’il soit donné à l’aide d’une tasse ou d’une cuillère.
Voici notre PDN, accepté dans son intégralité.
Allez, pour la route, un petit texte de loi ça ne fait jamais de mal :
Extrait de l'Article L1111-4 du Code de santé publique :
"Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement
peut être retiré à tout moment."
Bon weekend Raymonde.