Tu vois, je bosse dans un quartier un poil craignos. Ça me ferait flipper d'élever mes gosses là. Toutefois c'est surtout la nuit que ça pue. De jour il se passe pas grand chose, mais le matin on voit parfois les vestiges de l'activité nocturne.
Parking de mon boulot, une nuit ordinaire.
Pour te donner un exemple concret, il y a un peu plus d'un an, sur le parking (public) de mon travail, une voiture a été brûlée. Avec quelqu'un dedans. Je ne sais pas s'il était mort ou vivant au début de l'incendie (perso je préfère la première proposition pour mieux dormir), ce que je sais c'est que c'était un "marginal" qui vivait dans sa caisse.
Les fenêtres de mon service donne sur le dit parking où moi, mes collègues et les gens lambda se garent.
Hier vers 15h, on voit 2 groupes de jeunes d'environ 18/20 ans. Ça parle fort, ça n'a pas pas l'air de se dire des mots d'amour. Deux types, probablement les leaders de chaque groupe, font des grands mouvements avec les bras, se tournent autour, puis l'un pousse l'autre en gueulant, l'autre fait pareil, et ça repart dans les grands moulinets avec les bras.
On dirait un documentaire animalier. On pourrait d'ailleurs leur foutre des plumes au cul pour que ça fasse plus vrai.
Par contre, ça ne semble pas menacer de partir en guerre totale, car les membres de chaque groupe empêchent (un peu mollement mais bon l'intention est là) leur leader d'aller mordre mettre une droite à l'autre.
Au bout d'un moment, l'un des deux groupes s'en va (vaincu ?). Sage décision, me dis-je.
Mais le leader du groupe resté sur le parking semble cette fois s'en prendre à l'une de ses ouailles. En l'occurence une jeune fille, qui s'accroche à son sac comme à une bouée.
Il lui gueule dessus, avance vers elle. Elle recule, fait le tour des voitures pour l'éviter. Une copine à elle, qui me semble d'ailleurs enceinte, tente de calmer le type. Le reste du groupe ne parle pas. Même, il s'éloigne.
Là au boulot on se marre plus, on commence surtout à baliser un peu.
Et d'un coup, on voit la jeune fille se baisser, genre position semi foetale. Et le mec, il lui chope la tignasse et la tire violemment vers elle.
On se regarde avec les collègues "c'est bon c'est allé trop loin on appelle la Police."
Une connasse collègue d'un autre service, qui était de passage et que personne peut blairer (à juste titre) dit que ce n'est rien et que de toutes façons la fille, ben elle n'a qu'à s'en aller. Niveau psychologie zéro, c'est bien connu, face à de la violence, "y'a qu'à."
Pendant qu'on se consterne sur la collègue, ça y est, le gars a filé une beigne à la fille. Hop, je compose le 17, tout comme une collègue dans un autre bureau d'ailleurs. De l'autre côté, l'agent de Police me demande où je suis, me demande de décrire l'agresseur. "Blanc ? de type africain ? nord-africain ?" "Je sais pas !" que je réponds. "Il est à l'autre bout du parking et il est à l'ombre !" Je décris ses fringues. Je décris aussi la jeune fille.
On me dit qu'on envoie quelqu'un. "S'il y a du sang, appelez les pompiers."
Note à moi-même : si un jour t'es agressée, c'est mieux d'y mettre du tien, niveau hémoglobine. Si t'as tes règles, trouve une parade pour t'en servir.
Pour info, le Poste de Police est à ...hof, on va grossir le trait...100 mètres. Les flics ont mis QUINZE PUTAIN DE MINUTES.
C'est long, 15 minutes. Presque un épisode d' How I Met Your Mother. T'as le temps de crever hein. La jeune fille était assise sur une espèce de grosse pierre jalonnant le parking. Elle regardait par terre. Le gars l'engueulait, et de temps à autre, lui filait non pas une beigne, mais une pichenette. Ceci grâce à un commerçant du coin, un gars bien costaud, qui a déboulé et lui a vraisemblablement dit de se calmer.
Les flics ont fini par arriver. Deux à l'avant de la voiture, un derrière. Il se sont arrêtés sur le parking. Ils ont demandé au mec de se pointer. Il est arrivé tranquille, s'est accoudé à la fenêtre de la voiture. Ils ont parlé pendant environ 72 secondes.
Oh Oh, mon garçon, arrête de taquiner ta petite copine voyons ! Ça n'est pas très gentil !
Et ils sont repartis. Oui oui, je parle des policiers.
Franchement, on était atterrées. Alors OK, ils n'ont pas de baguette magique, les flics (t'as vu je te fais de la rimaille). OK, c'est pas un film américain, ils allaient pas le plaquer sur le capot de la voiture et l'envoyer en taule.
Je suppose qu'ils ont helé la jeune fille de loin, qu'il lui ont demandé en gros si y'avait un blème, et qu'elle a dit non (même si sa tronche - langage corporel putain - devait hurler que oui, y'a comme un blème)....et que si elle a dit que tout allait bien, ils ne peuvaient rien faire...
Mais quand même...chai pas moi, un ptit contrôle des papiers ?
Au moins, AU MOINS, ils auraient pu sortir de la voiture. Déjà pour pas passer pour des grosses flemmasses, mais aussi histoire de mettre un pti coup de pression au mec. Ils auraient pu aller parler à la jeune fille, face à face, yeux dans les yeux. Elle aurait sûrement maintenu que tout allait bien mais symboliquement, qu'ils soient sortis de leur caisse, qu'ils soient physiquement près d'elle, qu'ils aillent JUSQU'A ELLE, je pense que ça aurait été important.
Pour montrer qu'ils étaient quand même là, qu'ils pouvaient se bouger, qu'ils prenaient en compte ses paroles, son regard, elle quoi.
Ben non, ils sont restés le cul sur le fauteuil de leur belle voiture de Police, ils se sont adressés principalement à lui (voire en totalité), et ils se sont barrés aussi sec.
Moi je serais la fille, je me dirais qu'à l'avenir, ben c'est sa parole à lui qui aura de l'importance, et que les flics, ils pourront pas m'aider. Que même pour eux, je compte pas vraiment.
Mais bon c'est sans doute mon interprétation perso hein.
Moi en maman chat, si on touche à ma Ventouse