Aujourd'hui, je vais te causer nichon. Poitrine. Néné. Mamelle. Loche. Nibard. Sein. Lolo. Robert. Doudoune. Flotteur. Calebasse. Melon. Obus. Pare-choc. Roploplo.
Je pense que t'as pigé le thème. En même temps le titre t'aide vachement.
Je voulais allaiter ma Ventouse. Je me voyais pas faire autrement. J'ai moi-même été allaitée presque 4 ans, et dans les années 80 s'il vous plait (je suis un fossile). Ça fait pas de ma mère une pro de l'allaitement car elle m'a déjà sortie des énormités énormes sur le sujet, mais quand même.
Je sais pas si c'est pour ça, mais pour moi y'avait point de questions à se poser, j'allais nichonner.
Dans ma grande lancée auto-informative sur l'accouchement, j'ai potassé sur l'allaitement.
J'ai vite constaté que t'es point aidé dans ton choix.
Je passe vite fait sur le clivage allaitantes VS biberonnantes, chacun sa vie chacun son cul, du moment qu'on me fait pas chier les gens font bien ce qu'ils veulent je m'en cogne si tu savais.
De toutes façons des deux côtés y'a de la tarée psychopathe...comme dans tous les domaines quoi.
Je me suis donc rendue à la maternité décidée comme jamais, j'avais mon bouquin sur l'allaitement, des semaines entières d'infos lues depuis des semaines, le numéro de la Conseillère en allaitement.
Je savais que les soignants ne sont que peu formés à l'allaitement, et que les conseils merdiques sont monnaie courante.
Je me disais le premier qui essaie de tout faire foirer j'y tape jusqu'au sang.
Et puis en fait, nada.
Oui parce qu'en fait j'avais pas conscience à quel point tu es fragile, tu es flamby, tu es un peu une loque émotionnellement.
Là, ton bébé est un petit bébé, et on te dit qu'il doit prendre des compléments pour surtout pas perdre.
Tu trouves on ne sait z'où (tiens pourquoi on fait cette liaison c'est une erreur monstrueuse) le courage de refuser le biberon...le complément est donné à la seringue.
Et puis ton bébé n'arrive pas à choper le téton...il est plat ce con (le téton). T'aurais un ventre plat y'aurait rien à redire, mais un téton bordel tout pour te faire chier en somme. L'aide qu'on te donne c'est d'enfourner ta loche dans la bouche du bébé qui manifeste clairement son pas-contentement. Et tu te rappelles avoir lu qu'il ne fallait pas faire ça. Alors tu ne demandes plus d'aide.
Tu as ta montée de lait. Tu réalises qu'avec tout ça, ton bébé n'a pas pris de colostrum, qu'il n'en prendra jamais...que depuis sa naissance, celui qui le nourrit, c'est ce fucking Guiguoz...Le desespoir frappe à ta porte.
Tu t'accroches, mais peu à peu l'idée fait son chemin...et si tu laissais tomber ?
On te demande des comptes sur la quantité bue, ton bébé est pesé tous les jours, on te dit que là, va falloir que ça démarre l'allaitement hein.
Tu te rends compte que si ton bébé ne prend pas fissa du poids, on te laissera pas sortir. Et tu veux rentrer chez toi.
Il y a cette journée, où ton bébé enfin arrive à téter. Pour la première fois. Tu es si fière !
Mais impossible que le miracle s'accomplisse à nouveau. Un soir, tu appelles pour qu'on t'aide. Ça devrait être simple, après tout ça a déjà marché.
Il y a cette femme qui soupire, tu la déranges en plein repas. Elle vient "t'aider" sans même te regarder. Alors que tu t'installes elle soupire encore. Elle te fait bien comprendre que tu la fais chier. Elle te dit que c'est pas étonnant que tu n'y arrives pas, tu n'as pas des seins faits pour allaiter.
Heureusement, tu as lu sur le sujet, tu sais que ce qu'elle dit est d'une débilité sans fin. Tu l'appelles connasse dans ta tête. Tu penses quand même aux autres mamans qui elles, croient, qui elles, font confiance...comment leur saper le groove en quelques mots.
Le lendemain, tu es à bout, les hormones dansent la samba. Ça ne marche pas. Tu es démunie, tu pleures.
Ton homme te soutient, il te dit que tu vas y arriver. C'est gentil tout plein, mais en fait concrètement c'est pas suffisant.
Tu n'oses pas l'avouer, mais c'est au delà du souhait, tu VEUX abandonner, pour avoir la paix. Pour rentrer à la maison.
Le pédiatre à la pesée te dit que c'est fini les tentatives, maintenant on passe au biberon.
Et là, la lueur. La haine.
Non, ce n'est pas lui qui décidera ! La colère gronde. Toi, la petite fille toujours sage, celle qui dit toujours oui, celle qui a si peur du conflit...elle entre dans l'arène. Devant tout le monde : les autres parents, le personnel soignant. Tu t'en fous.
Très froidement, très sèchement, tu dis que NON, tu veux allaiter, et que leur boulot, c'est de t'y aider même si c'est difficile à mettre en route. Leur boulot, c'est pas de donner un biberon alors que tu souhaites allaiter.
Tu EXIGES qu'une personne COMPETENTE vienne t'apporter une véritable aide. Peu importe l'heure, peu importe la durée. Tu EXIGES qu'ils fassent leur boulot.
15 minutes plus tard, une merveilleuse SF frappe à ta porte. Elle te remonte le moral. Te redonnes une absolue confiance. Te montre et remontre les positions d'allaitement. Une patience et une douceur...Elle reste plus d'une heure.
Tu lui demandes si elle peut venir vivre chez toi. Et même tu lui dis que tu l'aimes d'amour.
Il y a visiblement de l'alcool dans les hormones post partum.
Ton bébé tète plusieurs minutes. Un tel soulagement.
A chaque tétée c'est un peu plus facile. On prend notre temps, on va y arriver, on croit en nous.
On n'a plus jamais eu à demander une quelconque aide.
On nous a dit de continuer à donner du lait artificiel en complément. On a menti. On disait oui, mais le lait partait à l'évier.
On nous félicitait de la très bonne prise de poids de la Ventouse. A la sortie, elle avait dépassé son poids de naissance.